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Retour sur la visite de Finca Fitor en Catalogne

Dans le prolongement du projet européen ONE FOREST (visant à accompagner la Catalogne vers la création d’une forêt modèle), nous avons pu visiter la propriété forestière Finca Fitor, et sa gestion multifonctionnelle, modèle inspirant pour le projet. Le propriétaire est Joan BOTEY.  

Présentation de Finca Fitor, un lieu passionnant

Finca Fitor est un domaine forestier privé non clôturé de 1 000 hectares, paradigme de la forêt côtière méditerranéenne, situé dans le triangle d’or de l’Ampurdán (Gérone, Espagne). Le tout dans une zone Natura 2000. La vocation du bien est de le faire parvenir, avec vitalité, aux nouvelles générations, de faciliter sa jouissance sociale et d’en diffuser sa richesse historique (déjà habité au Néolithique !) et culturelle.
Sa conservation est soutenue par une gestion forestière active et certifiée (voir PDF plan de Gestion) avec un réseau de 150 km de routes  stratégiques. Joan BOTEY a toujours privilégié l’équilibre (entre exploitation et conservation notamment), en collaborant avec des universités et des centres de recherche, et en étant une référence en matière de gestion responsable.

AGROFITOR SA est une entreprise familiale qui possède la ferme FITOR d’environ 1 000 hectares, et possède également une réserve de chasse privée de plus de 2 000 hectares, avec certification de gestion forestière durable, spécialement dédiée à la production et à la vente de liège, mais aussi du bois de chauffage ou de la biomasse à des fins énergétiques, ainsi que d’autres sources de valorisation (voir détails ci-dessous).

La propriété a investi dans la conservation et l’amélioration de son patrimoine, d’anciennes fermes disséminées dans tout le domaine, en leur donnant différents usages, et dans l’étude, l’amélioration et la diffusion de son dense patrimoine ethnographique et archéologique qu’elle a promu. Elle propose la location de vastes espaces, pour tout type d’événements ou d’usages, ainsi que la valorisation d’anciennes fermes à usage d’habitation au sein du domaine.

Le domaine Fitor a été sélectionné par l’Union Européenne comme exemple de conservation du patrimoine naturel communautaire (voir page :   www.natura.org), sans oublier la participation au programme LandsCare (http://www.landscare.org/paraje/finca-fitor), pour améliorer leur  engagement environnemental.

Son immense patrimoine culturel et ethnographique (églises médiévales, fermes anciennes, mégalithes, mines d’argent issues de l’exploitation protohistorique, puits de glace du XIIIe siècle, fours à verre et céramique,…) ainsi que son exploitation forestière active (liège, bois de chauffage, biomasse, bois, arbouse,…), l’apiculture, l’élevage et la chasse (sanglier et bécasse) en font une source d’intérêt tant touristique que commercial.

L’une des fermes, Mas Cals de Fitor, est documentée comme importante dès 948, MONUMENTA (www.monumenta.info) accrédite Finca Fitor comme membre de l’association APCECC (propriétaires de châteaux et de maisons cataloguées dans Catalogne), ouverte à l’agrotourisme.

Enfin, la ferme est rattachée au circuit ITINEREM, Itinéraire culturel européen et Route des fermes et propriétés rurales protégées de Catalogne (lire la suite).

 

Et la forêt ? Focus sur les principales sources de revenus forestières ou en lien direct.

Pin parasol 

C’est l’une des premières sources de revenu de l’exploitation, en 2015, 130 tonnes de pignes ont été récoltées (récolte cependant exceptionnelle).

Le propriétaire mène un projet de coopérative pour investir en matériel, permettant de mieux valoriser la pigne (machine séparant la pigne des pignons via la vapeur).

Données économiques : le pignon blanc se valorise à 100€ le kg, le kg de pignes à 1€, voir 1,5€ le kg selon les années.

100 kg de pignes représente 6 kg de pignons noirs, pour 20% (de ces 6 kg) de pignons blancs.

Le pin pignon demande peu d’entretien et d’investissement, à part une machine pour la récolte (il faut bien régler la fréquence, au risque de compromettre les récoltes futures).

 

Chêne-liège

Le propriétaire a fait partie et a été moteur dans le projet européen Euro-liège rassemblant les pays producteurs de liège en Europe.

En Catalogne, il fait partie d’une coopérative permettant de mieux valoriser économiquement le liège (notamment en triant la récolte).

Données économiques : la valorisation du liège brûlé se fait via l’isolant noir qui peut être un investissement abordable (un autoclave). Le liège de très bonne qualité se valorise à 3€ le kg.

Entre 12 et 14 ans entre chaque levée (comme dans notre région). 

 

Eucalyptus

Au début, la plantation d’Eucalyptus a été encouragée et financée par l’installation d’une papeterie dans la région avec un contrat pluriannuel.

Après s’être libéré de ce contrat, Joan a pu développer l’Eucalyptus en bois d’œuvre (photo ci-contre), notamment par sa capacité de résistance dans l’eau :

    • Fourniture du bois pour le cordage des moules
    • Fourniture du bois pour lutter contre l’érosion (ouvrage en pilotis pour mettre en place un ouvrage permettant de casser les vagues)

L’investissement récent a été l’achat d’une scierie mobile.

Pin (plus précisément Pinus Palestera) :

Caractérisé par une très mauvaise rentabilité, le pin est vendu pour produire des palettes.

Agro-sylvo-tourisme :

Maison d’hôte, musée, prêt du lieu pour des films, lieux historiques (ancienne mine d’argent, etc).

En terme agricole, 50 hectares de céréales étaient plantés, la question de l’installation de vignes se pose mais cela est trop compliqué avec les sangliers.

Cependant, la gestion forestière est menée à bien, en parallèle des autres activités économiques, et est vecteur d’attrait économique et touristique.

Chasse :

Vente de droits de chasse sur les 1000 hectares, par exemple en termes de prix :

    • De 6000 à 10 000€ l’année pour un groupe de chasseurs pour chasser le sanglier (ils peuvent emporter le produit de la chasse)
    • Pour la bécasse, 200€ la journée sans pouvoir emporter le produit de la chasse + 180€ le plat de bécasse ; présence, exclusivement, de bécasse sauvage, pas de politique de réintroduction.
    • A noter, quelques lièvres chassés, mais c’est une activité marginale.

L’activité chasse se concentre surtout autour de la bécasse.

Bruyère :

Elle sert pour la biomasse, pour le petit bois de chauffage, ainsi que pour la fabrication de balais. Le miel de bruyère est apprécié.

Laurier-tin :

Tiges vendues en Hollande envers les fleuristes.

Arbousier :

Production d’une confiture d’arbouses (sans pépins, en ayant mis en place un processus spécifique), valorisation du miel d’arbousier (amère) envers le marché allemand et à Barcelone pour un cocktail à base de rhum blanc (mais le miel d’arbousier en tant que tel n’est pas apprécié en Espagne). Sans oublier, la valorisation de l’arbousier pour la biomasse et le bois de chauffage.

Enfin, les tiges d’arbousier sont vendues en Hollande pour le marché de la fleur.

Chêne-vert :

Le bois de chauffage est vendu 100€ la tonne (déjà abattu, fendu et prêt).

Sylvo-pastoralisme :

La propriété accueille 3 troupeaux :

    • Les vaches (voir photo), race rustique ancienne de Catalogne qui s’appelle la vache des Albères, 1 bête par hectare. Avec l’éleveur, pas d’échange d’argent, mais un échange de viande contre le terrain. Ces vaches sont très réputées et rares, elles disposent d’un label et sont menacées d’extinction.
    • Chèvre : 50 hectares par jour pour réduire l’impact sur le milieu, il y en a 150 dans la propriété
    • Mouton et brebis : 200, elles aiment beaucoup les prairies, et elles sont très sélectives.

Apiculture :

Avant, l’apiculture se pratiquait dans des ruches en liège, plus maintenant, par contre, à certains endroits, on paye encore l’apiculteur pour polliniser les vergers.

Les abeilles font un rayon d’un kilomètre, ce qui permet de bien cibler la production de miel selon le peuplement, ils produisent plusieurs miels (bruyère, arbousier, toutes fleurs), et même par le passé un miel de glycine, apparemment de grande qualité gustative (mais difficile à obtenir, du fait de la floraison très courte).

Cependant, ces dernières années, l’apiculture va très mal à cause du changement climatique :

    • Sécheresse répétée ;
    • Attaques du frelon asiatique.

 

Finca Fitor arrive à être rentables par cette gestion multifonctionnelle de sa propriété mais il mène aussi sur près de 100 hectares des travaux permettant d’assurer l’adaptation au changement climatique de son peuplement, par une gestion de terrasse pour récupérer l’eau, stabiliser le sol, et épuiser le feu dans le cas où il y en aurait un.

Une visite vraiment inspirante pour notre Forêt Modèle de Provence, et un échange qui se poursuivra au-delà de ce présent dossier européen, avec d’ores et déjà une nouvelle visite de prévue.

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