C’est avec émotion et une profonde tristesse que nous avons appris le samedi 11 octobre la disparition de Patrice de Colmont, propriétaire historique du Club 55 à Ramatuelle, du Domaine de La Môle, du Domaine des Bouis, de Piegros, figure charismatique de la Côte d’Azur. À 77 ans, il s’en est allé, laissant derrière lui une empreinte profonde, non seulement dans le monde de la restauration et du tourisme, mais aussi dans celui de la nature et de l’écologie, qu’il défendait avec passion.
Un homme multiple : hospitalité, nature, engagement
Né dans une famille pionnière de la plage de Pampelonne, Patrice de Colmont a grandi au contact du rivage, des cabanons, de la mer et du soleil. Le Club 55, fondé par ses parents, est devenu un lieu mythique, apprécié pour son atmosphère de simplicité, d’élégance, d’authenticité. Mais au-delà de l’hôte, c’est l’homme qui aimait la terre, les arbres, les jardins et la forêt.
Il s’est investi dans l’agroécologie au domaine des Bouis, cultivant vin biologique et potager en circuit court. Il portait un regard attentif sur les enjeux environnementaux : changement climatique, biodiversité, respect du territoire, du paysage, au soutien des grandes causes, et de certains personnages comme Pierre Rabhi ou encore Paul Watson qu’il avait hébergé lors de son exil et n’avait jamais cessé de le défendre.
Un soutien à Forêt Modèle de Provence
Parmi ses engagements écologiques, Patrice de Colmont était mécène de Forêt Modèle de Provence, association reconnue d’intérêt général dont la mission est de promouvoir un modèle durable pour les forêts provençales — qu’il s’agisse de mobiliser des acteurs, de valoriser les essences locales, de soutenir la recherche, ou de sensibiliser le public.
« Les humains doivent comprendre qu’ils ne sont pas le centre du monde, qu’ils font partie de la nature, qu’ils sont un des éléments, comme la fourmi, l’oiseau, le poisson, chacun est un élément, à partir de là si l’humain se met à sa place, il peut participer à la protection de la biodiversité et à faire que la vie sur la planète continue comme ça l’a été par le passé, à être une maison commune. Forêt Modèle de Provence a réussi à avoir une mission très précise, en plus de la protection de la forêt et du massif des Maures qui est la base, il a su se préoccuper de la vie économique de ce massif forestier extraordinaire et ça s’est très important, parce qu’il faut absolument que ça ne soit pas seulement qu’un sanctuaire, qu’il y ait une vraie vie. La valorisation de la forêt est une chose qu’il faut retrouver, qui a existé pendant des siècles, et il était temps que grâce à Forêt Modèle de Provence l’on se préoccupe de nouveau de cette valorisation de la forêt. »

Au-delà du restaurant, un souffle pour l’avenir
Avec la disparition de Patrice de Colmont, c’est une figure qui s’éteint, mais son action continuera de vivre dans les projets qu’il a soutenus, dans l’esprit du Club 55, dans le domaine des Bouis, de La Môle, de Piegros mais aussi dans des initiatives plus larges en soutien de l’environnement.
Les forêts méditerranéennes traversent des défis majeurs : sécheresse, incendies, perte d’espèces, pression urbaine,… Dans ce contexte, les alliances entre citoyens, entreprises locales, associations, collectivités sont essentielles. Le soutien de personnes comme lui, qui croisent patrimoine, nature et économie locale, montre la voie d’un engagement concret.
Un hommage en actes et en souvenirs
Patrice de Colmont laisse derrière lui une empreinte multiple, indélébile — celle d’un restaurateur, mais aussi d’un amoureux de la nature. Son soutien à Forêt Modèle de Provence rappelle que les forêts ne sont pas seulement des espaces à préserver, mais des lieux de vie, de culture, de lien social entre culture et environnement, à faire perdurer, partager, diffuser.
Puissent ceux qui reprennent le flambeau cultiver cet esprit, nourrir cet équilibre fragile entre l’homme et le vivant, et faire de notre forêt provençale un héritage digne, pour demain.
Nicolas Plazanet, Forêt Modèle de Provence